
1885-1914
La consolidation de la puissance
Solvay est une figure de proue de la première mondialisation, dans le dernier quart du 19e siècle. Grâce à son réseau international solide et précoce, l’entreprise contribue au développement industriel des nombreux pays dans lesquels elle s’installe – en direct ou en partenariat. Leader mondial dans son secteur, Solvay est aussi reconnu pour sa politique sociale avancée et son mécénat scientifique d’envergure.
Une politique sociale avancée
Les soins de santé et les systèmes de pension constituent une part importante de la politique sociale avancée de Solvay. Dès 1878, des centres médicaux et des hôpitaux sont érigés à proximité des usines et prodiguent des services gratuits aux travailleurs et à leur famille en matière de médecine générale, chirurgie, gynécologie, dentisterie, soins à domicile, etc. Solvay prend aussi à sa charge le coût des médicaments pour les ouvriers et continue à payer la moitié de leur salaire en cas de maladie. Les victimes d’accidents du travail sont assurés et dédommagés en cas de blessure.
Le premier fonds de pension est établi en 1879.
Cité scientifique du parc Léopold, Bruxelles
Ernest Solvay considère la science comme son “cinquième enfant”. Une pleurésie l’a empêché d’entamer un parcours universitaire.
Malgré cela, après avoir bâti sa fortune, il consacre son influence et son argent à promouvoir les sciences académiques. Plusieurs des instituts qu’il fonde apparaissent sur ce dessin: Physiologie (1895), École de Commerce (1903) et Sociologie (1902), formant une véritable Cité scientifique dans le parc Léopold de Bruxelles, à proximité des actuelles institutions européennes.
Une passion pour la Chimie
La physique est certainement la discipline scientifique favorite d’Ernest Solvay. Il finance et supervise l’organisation à Bruxelles d’une série de conférences qui rassemblent les plus brillants esprits de leur époque. En 1911, un premier conseil permet un riche débat entre Einstein, Curie, Langevin, Nernst, Planck, Brillouin, Lorentz, Rutherford, Poincaré … entre autres ! Un conseil similaire est organisé en 1922 pour la chimie, et des instituts sont créés dans la foulée pour pérenniser l’organisation de ces prestigieuses conférences … jusqu’à nos jours.
Priorité à la science et à l'éducation
L’activité philanthropique de Solvay se focalise sur la science et l’éducation. Pour son 50e anniversaire en 1913, Solvay fait d’importantes donations à des universités en Europe, aux États-Unis, et au Congo. Un institut d’éducation ouvrière est aussi mis sur pied à Bruxelles. Dans ses sites industriels à travers le monde, Solvay organise des crèches, des écoles primaires (ici à Turda, en Roumanie) et des colonies de vacances pour les enfants du personnel. Solvay octroie en outre des bourses d’étude pour les membres du personnel et leurs enfants.
Les arbres de la soude et de l'électrolyse
Des versions successives de cet arbre à soude sont exposées par Solvay lors d’expositions industrielles ou universelles. Les matières premières apparaissent dans le sol. Le tronc illustre les principaux produits de l’entreprise et les branches, les sous-produits et dérivés. Les feuilles représentent les usages innombrables des produits sodiques. A partir de 1900, un deuxième arbre grandit à côté du premier, annonçant la venue de l’électrolyse qui permet de produire de la soude caustique et du chlore en quantités égales.
Une domination incontestée
Au tournant du 20e siècle, Solvay est une société mono-produit leader d’une industrie en forte croissance. Avec ses sociétés associées en Grande-Bretagne (Brunner, Mond & Co), en Allemagne (Deutsche Solvay Werke), en Autriche-Hongrie (Oesterreichischer Verein), aux États-Unis (Solvay Process Co) et en Russie (Lubimoff Solvay & Cie), le groupe détient 32 usines employant 25.000 personnes et produisant près de 2 millions de tonnes d’alcalis. L’ensemble forme le plus grand groupe chimique au monde en termes d’employés et de production.
Gérants familiaux 1913
Aussi longtemps que Solvay demeure une société en commandite (jusqu’en 1967), la gestion est presque intégralement confiée à des membres des familles Solvay, à la notable exception de Prosper Hanrez (1880-1886) et d’Édouard Hannon (1907-1922), deux directeurs techniques émérites qui ont gagné le droit de rejoindre la “Gérance” grâce à leur apport exceptionnel. Sont représentés sur cette photo (de gauche à droite): Louis Solvay, Edgard Hulin, Armand Solvay, Ernest Solvay, Georges Querton et Édouard Hannon.
Pendant ce temps dans la vallée du Rhône...
En 1857, le jeune chimiste Prosper Monnet fonde à Lyon l’une des premières sociétés françaises produisant de l’aniline, un colorant. En 1895, l’entreprise devient une société anonyme sous le nom de Société Chimique des Usines du Rhône (SCUR). Parmi ses produits phares figurent la vanilline (1894), les parfums synthétiques (1896), l’Aspirine du Rhône (1902), l’acétate de cellulose (1902) et, dès 1917, le Rhodoïd, un plastique à base de cellulose. En 1902, la SCUR lance la marque Rhodia pour désigner l’arôme de vanille et certains produits dérivés de l’acétate.